Société d'Histoire de Revel Saint-Ferréol Cahier de l'Histoire de Revel N°22 - 2020 |
Emmanuel-Pons de Las Cases(1800-1854)
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Vous rendant de Chalonnes-sur-Loire à Rochefort-sur-Loire par la route départementale 751, vous ne pouvez pas manquer d’admirer dans un virage, la blanche chapelle Sainte-Barbe-des-Mines, perle de la Corniche Angevine.
Vous arrêtant au parking situé à proximité, vous vous dirigez par un étroit sentier vers cet édifice remar- quable et notez sur la façade, un bandeau en ardoise, au- dessus du portail d’entrée, sur lequel est inscrit : A la mémoire d’Emmanuel de Las Cases.
Bandeau inauguré le 27 juillet 2008 par l'association "Sainte-Barbe-des-Mines et Corniche Angevine"
Ce nom ne vous dit peut-être pas grand-chose mais les connaisseurs pourraient l'identifier comme celui du secrétaire de Napoléon, auteur du célèbre « Mémorial de Sainte-Hélène »
publié en 1823.
Il n'en est rien ! Emmanuel-Pons est son fils aîné, il avait un frère, Barthélémy qui fut maire de Chalonnes-sur-Loire de 1859 à 1869
(HCLM N° 53 et 54).
C’est la veuve d'Emmanuel-Pons, Elisabeth Poudret de Sevret, qui a fait édifier cette chapelle, inaugurée en 1860, dédiée à la mémoire de son époux, décédé le 8 juillet 1854, dix jours après leur mariage.
Faisons maintenant plus ample connaissance avec Emmanuel-Pons, à priori, né le 29 prairial An VIII - 8 juin 1800 - à Saint-Méen (Finistère). Aucun acte de baptême, en raison des circonstances et de la période révolutionnaire, ne le confirme. Cette information figure seulement dans l'acte de reconnaissance établi par ses parents, le 5 octobre 1808 à Paris, à la veille de leur mariage civil.
Son père, Emmanuel de Las Cases, s'était marié en secret en 1799 avec Henriette de Kergeiariou, une amie de jeunesse. Revenant d'Angleterre où il avait émigré en 1792, il passa alors quelques semaines en Bretagne avec sa jeune femme, la laissant enceinte.
Leur union avait été bénie par un prêtre réfractaire et n'a donc laissé aucune trace écrite. Il semble qu'Emmanuel-Pons ait été amené en Angleterre en 1801 si l'on en croit la phrase : « Henriette m'envoie notre trésor » relatée dans le « Mémorandum de mes années ».
On y apprend qu'Emmanuel est rentré en France en mai 1802 comme précepteur des enfants de Lady Clavering, née Claire Gallais, à Angers en 1770 et mariée en 1791 à Lanchester (Angleterre), à un riche baronnet, propriétaire de mines de charbon dans la région de Durham.
Cette angevine tenait salon à Londres où elle accueillait les émigrés français.
Elle avait employé Las Cases comme professeur d’astronomie et a joué, par la suite, un grand rôle dans la vie des Las Cases.
Manoir de Coz-Castel à Saint-Méen (Finistère),
Henriette de Kergariou y aurait donné naissance à Emmanuel-Pons
Une enfance chaotique
Le père d'Emmanuel-Pons avait publié, dès 1799, en anglais, sous le nom de A. Lesage, un atlas historique, grâce au soutien financier de Lady Clavering ; il consacra six années, après son retour en France, à compléter puis à publier cet ouvrage.
La tâche étant immense, il avait donc confié son fils à divers enseignants. Aucun contact avec sa mère n’est mentionné !
En 1807, Lady Clavering incite son ami Las Cases à régulariser son mariage avec Henriette de Kergariou. Le mariage civil a lieu le 6 octobre 1808, à Paris, suivi, le 18, du mariage religieux, célébré dans la chapelle du château de la Granville à Bringolo (Côtes d'Armor).
Les époux s’installent avec leur fils à Paris. Le père, fervent royaliste, mais « conquis par la gloire » s’était rapproché de Napoléon grâce à Joséphine. En effet, en 1786, il l’avait connue alors que, marin de la Royale, il effectuait des campagnes aux Antilles. Devenue impératrice, elle l’avait introduit auprès de son époux dès 1806.
En 1810, Las Cases est nommé chambellan, maître des requêtes au Conseil d'État puis comte d'Empire. Choisi par l’Empereur pour une mission en Hollande, il confie l'éducation de son fils à Louise de Vaudreuil, une amie de jeunesse, devenue comtesse de Serrant par son mariage avec Antoine Walsh en 1795, à Londres.
En 1811, Napoléon l’envoie en mission en Illyrie. Il emmène son fils, âgé de 11 ans, disant que « voir le monde et étudier sous mes yeux valaient mieux que toute étude sédentaire ». A leur retour, ils font connaissance avec Barthélémy, né en leur absence. En 1813 naît Ofrésie. Emmanuel-Pons devient pensionnaire au lycée impérial de Paris. En 1814, lors de l’exil de l’Empereur à l’île d’Elbe, Emmanuel de Las Cases va retrouver en Angleterre son amie Lady Clavering.
Pendant les Cent-Jours, il est réintégré dans ses fonctions de chambellan et son fils est nommé page de l’Empereur. La défaite de Waterloo, le 18 juin 1815, va changer leur destin.
Sainte-Hélène
Emmanuel de Las Cases propose alors à Napoléon de le suivre et celui-ci accepte. Il décide d’emmener son fils avec lui ; ils quittent Paris le 29 juin. Las Cases qui parle bien anglais est chargé des négociations avec les Anglais qui imposent à Napoléon un exil à Sainte-Hélène.
C'est pendant la traversée que Las Cases suggère à l'Empereur déchu d'écrire ses mémoires. Napoléon acquiesce et commence à les dicter sur le Northumberland, le 9 septembre.
Emmanuel-Pons est chargé de recopier les textes en raison des problèmes de vue de son père. Il s'acquittera de cette lourde tâche pendant des années jusqu’à mettre en péril sa santé fragile. Débarqués à Sainte-Hélène, le 17 octobre, les Las Cases vont passer 2 mois, seuls, dans l’intimité de Napoléon, aux Briars, chez la famille Balcombe. L'Empereur dicte le récit des campagnes d'Italie. Emmanuel-Pons prend des notes et les corrige plusieurs fois, selon les remarques de l'auteur. Le 10 décembre, l'Empereur et sa suite déménagent à Longwood et les dictées quotidiennes se poursuivront, écrites par les Las Cases, le grand maréchal Bertrand et les généraux Gourgaud et Montholon.
En avril 1816, Emmanuel-Pons dessine un plan de Longwood qu'il adresse à sa mère, ce dessin sera reproduit par la suite dans les diverses éditions du Mémorial. Tandis que son père enseigne l’anglais à l’Empereur, ce dernier donne des leçons de mathématiques, d'histoire et de géographie au jeune Emmanuel-Pons qu'il appelait « my son » (mon fils).
Celui-ci rapportera plus tard à son propos :
« Ce qu'il disait, ce qu'il faisait devant moi, les leçons qu'il daigna me donner ont déterminé le cours de mes idées, de mes opinions et de ma vie, je lui dois tout ».
Fatigué par le climat de l'île et épuisé par un travail harassant de copies et de lectures, l'adolescent a des problèmes de santé qui inquiètent son père. Il éprouve pendant plusieurs mois des palpitations violentes accompagnées d'évanouissements.
Son mal, d'ordre nerveux, est aggravé par les longues heures sédentaires de travaux d'écriture exigés par son père dont les yeux étaient atteints.
Napoléon dicte ses Mémoires à Emmanuel-Pons
de Las Cases - Chasselat
En avril 1816, dès son arrivée le gouverneur Hudson Lowe impose de nouvelles restrictions aux exilés. Elles s'ajoutent aux querelles entre les compagnons de l'Empereur. Désormais la correspondance avec l'Europe doit passer par ses mains. Pour contourner cette obligation, Las Cases va tenter de faire passer une lettre à Lucien Bonaparte.
Son domestique devait se rendre en Angleterre et la donner à Lady Clavering, chargée de la transmettre à son destinataire. La lettre est interceptée par Hudson Lowe qui retire Las Cases et son fils de Longwood, le 25 novembre, et les retient prisonniers pendant un mois ; ils ne reverront pas l’Empereur mais ce dernier adressera une lettre au Comte de Las Cases, le remerciant pour son dévouement et sa fidélité.
Emmanuel-Pons de Las Cases et son père tenant la lettre de l'Empereur reçue le 16 décembre 1816
Lithographie de Langlumé 1822Au cours d’une altercation avec Emmanuel- Pons, alors malade, le gouverneur avait déclaré :
« qu'importe à la politique, la mort d’un enfant ! ». Le jeune Las Cases s’en souviendra.
Envoyé pendant 8 mois au Cap de Bonne Espérance, en attendant les décisions du gouvernement anglais, Emmanuel de Las Cases dicte à son fils le « Mémorandum de mes années » qui retrace sa vie. D’un très grand intérêt, ce texte, destiné à sa seule famille, reste à ce jour, inédit.A leur retour en Europe, en novembre 1817, les Las Cases ne sont admis ni en Angleterre ni en France. Ils séjourneront donc en Allemagne puis en Belgique. Emmanuel-Pons assistera son père dans ses démarches afin d'obtenir des aides auprès de la famille impériale en vue d’améliorer le sort du captif. Prenant la suite de son père, il enverra des lettres mensuelles au grand maréchal Bertrand pour en rendre compte.
En 1819, il rentre en France, sous un nom d’emprunt, afin de faire des études de lettres à Strasbourg puis de droit à Paris. Il étudie aussi la physique, la chimie, la médecine mais se passionne surtout pour l’histoire, les sciences politiques, la phrénologie et le magnétisme. Ces formations multiples, dont celle d’avocat, en feront un homme cultivé et habile dans les négociations.
Napoléon meurt le 5 mai 1821. Emmanuel de Las Cases peut enfin rentrer en France. Il s’installe à Passy où, avec l’aide de son fils et de bonapartistes, il rédige le « Mémorial de Sainte-Hélène » publié en 1823, qui rencontrera un immense succès.
L’année précédente, Emmanuel-Pons avait effectué un voyage à Londres pour négocier une édition du futur Mémorial en anglais. Ayant appris que le gouverneur Hudson Lowe s’y trouvait, il lui proposa un duel pour se venger de l’altercation de Sainte-Hélène. Devant son refus, il le cravacha au visage et réussit, grâce à l’aide de quelques Anglais, à rentrer en France sans être inquiété.
Trois ans plus tard, le 11 novembre 1825, à Passy, Emmanuel-Pons fut victime d’une tentative d’assassinat. La presse et l’opinion publique accusèrent, sans preuves, le gouverneur Hudson Lowe qui logeait alors à Passy et quitta la France précipitamment après les faits.
Emmanuel-Pons de Las Cases
Victime d’une tentative d'assassinat Dessin de Janet-Lange 1851
L'homme politique
Bien qu'Emmanuel-Pons s'occupât avec ardeur des questions politiques, il ne voulut faire partie d'aucune des sociétés qui, avant 1830, préparaient le renversement des Bourbons dont Charles X était le dernier représentant depuis 1824.
Cependant, en 1828, il adressa à la Chambre une pétition pour demander que l'âge des électeurs soit fixé à 25 ans au lieu de 30 et celui des éligibles à 30 ans au lieu de 40. Il publia une brochure : « De l'éligibilité et de l'âge des éligibles ». La loi du 14 août 1830 adopta sa proposition ; il en bénéficia en octobre et fut le premier député élu à 30 ans, à Brest, ville natale de sa mère. Réélu 6 fois comme député du Finistère jusqu’en 1848, il verra la chute de Louis-Philippe et la fin de la Monarchie de Juillet. En récompense de sa participation aux Trois Glorieuses, en 1830, il fut décoré de la Croix de Juillet.
Bénéficiant de la célébrité de son père, suite à la publication du Mémorial, il fréquentait le cercle de ses amis bonapartistes, était reçu chez le Président du Conseil, Molé, et les ministres du gouvernement de Louis-Philippe. Thiers l’appréciait particulièrement. Dès 1831, il prépara les textes qui devaient aboutir à la loi du 28 juin 1833 sur l'instruction élémentaire, promulguée par Guizot.
En mars 1832, sa mère Henriette de Kergariou décède, victime du choléra. Avec sa sœur Ofrésie, 19 ans, il s'occupera de tenir la maison familiale de Passy et assurera le suivi des rééditions de l'Atlas et du Mémorial.
En 1836, il achète un logement, proche des Tuileries, dans la rue Saint-Florentin où son père avait logé à son retour d’Angleterre et avait composé son Atlas historique. En 1839, il y loue un appartement à Lady Clavering qui y décèdera en février 1854, quatre mois avant sa propre mort.
Ministre plénipotentiaire en Haïti en 1838
Louis-Philippe le choisit pour aller reconnaitre l'indépendance inconditionnelle de la République d'Haïti proclamée en 1804 et régler le montant des indemnités dues aux colons dépossédés de leurs biens ;
il s'acquitta brillamment de cette mission conclue par la signature de deux traités, en février 1838. Le bulletin HCLM N° 57 de juillet 2015 rend compte de son action présentée à la chapelle Sainte- Barbe-des-Mines dans le cadre de l'exposition « Des bords de Loire à l';île de la Tortue » organisée par l'association « les Anneaux de la Mémoire » de Nantes, du 10 mai au 30 octobre 2014. Des textes exposés, produits par des rédacteurs d'HCLM, sont publiés dans les Cahiers de 2015 N° 16 : « La Loire et le commerce atlantique XVII°-XIX° siècle ».
Le retour des Cendres en 1840
Le roi Louis-Philippe désigna à nouveau Emmanuel-Pons, en remplacement de son père devenu infirme et presqu'aveugle, pour accompagner son fils, le prince de Joinville, et ramener de Sainte-Hélène à Paris les cendres de l'Empereur.
Il retrouve donc, avec émotion, Sainte-Hélène, 24 ans après son premier séjour.
Il avait emporté un daguerréotype pour photographier les lieux célèbres de l'île et l'exhumation de Napoléon. Endommagé par le long voyage, il ne fonctionnait plus à l'arrivée dans l'île, nous privant ainsi de précieux documents.
À défaut, un album de lithographies d'Henri Durand-Brager, rendant compte de l'expédition et reproduisant les portraits en pied des Las Cases, est consultable à la bibliothèque municipale d’Angers.
À son retour, Emmanuel-Pons publia le récit de son voyage : « Journal écrit à bord de la frégate La Belle Poule » dans lequel figure entre autres un dessin de Jean Rigo représentant Napoléon à l'ouverture du cercueil,
dessiné sous les yeux et d’après les indications de Mr le Baron Emmanuel de Las Cases. (Réédition Hachette BnF de 2013).
Emmanuel-Pons assiste à l'exhumation de l'Empereur, le 15 octobre 1840
Lithographie de N. Maurin 1860
Suite à cette mission, il est nommé commandeur de la Légion d'honneur ; il avait été fait chevalier en 1833 et officier en 1837. En 1842, âgé de 75 ans, son père s’éteint à Passy, le 14 mai. Respectant ses dernières volontés et aidé par sa sœur Ofrésie, il va s’occuper de la réédition de l’Atlas et du Mémorial de Sainte-Hélène, notamment de la première édition en 2 tomes, illustrée par Charlet en 1842. Une seconde édition, illustrée par Janet-Lange, paraîtra en 1851.
De 1842 à 1846 Emmanuel-Pons, franc-maçon, est grand-maitre adjoint du Grand-Orient de France
Administrateur des mines de houille de Chalonnes-sur-Loire de 1842 à 1854
A son retour d’Haïti en 1838, Emmanuel-Pons, s’était associé financièrement à l’ingénieur géologue Jacques Triger qui avait entrepris une campagne de sondages d’une durée de 10 ans, en vue d’exploiter le charbon du sillon houiller qui s’étend de Doué-la- Fontaine à Nort-sur-Erdre en Loire-Atlantique.
Pourquoi les Las Cases sont-ils venus en Anjou ? Plusieurs raisons à cela.
En 1808, le père est venu à Angers où il a rencontré la mère et la sœur de Lady Clavering puis sans doute son amie de jeunesse Louise de Vaudreuil, devenue comtesse de Serrant. (Voir sa vie sur le site lauragais-patrimoine.fr). Les Walsh de Serrant ont reçu, la même année, au cours d’une grande fête dans leur beau château de Saint-Georges, l’Empereur et sa suite. Mais ce dernier, affecté par la défaite de Baylen, n’y est resté que quelques heures, laissant pour souvenir la magnifique chambre Empire préparée pour l’accueillir où trône un beau portrait de Louise de Vaudreuil..
En 1828, enrichi par la vente de son Atlas réédité et par celle du Mémorial de Sainte-Hélène paru en 1823, Emmanuel de Las Cases avait acheté des actions des mines de houille de Montrelais (44), incité par la même Lady Clavering dont le mari Thomas était propriétaire de mines de charbon en Angleterre.
En 1837, le neveu et filleul d’Emmanuel de Las Cases, Félix, fils de son frère François, est entré sur ses conseils à l’école Centrale à Paris, devenant l’élève d’un ami de Jacques Triger qui effectuait depuis plusieurs années des recherches minières en Anjou.
Les Las Cases étaient probablement restés en relation avec Théobald, le fils de la comtesse Walsh de Serrant, décédée en 1831, qui possédait des biens sur la commune de Chalonnes. Les sondages miniers commencés en 1838 furent suivis, en 1839, par le fonçage d’un premier puits d’exploitation du charbon dans la Prée, à proximité du Louet, suivi d’un second en 1841 et d’un troisième en 1849 ; un dernier puits sera ouvert en bord de Loire en 1858.
Les « Houillères de Chalonnes », employant 450 mineurs, produisaient les 2/3 du charbon angevin utilisé principalement dans les fours à chaux. En 1842, Emmanuel-Pons de Las Cases devient administrateur de la concession minière de Désert avec Jacques Triger. En 1844, il demande à son frère Barthélémy, alors lieutenant de vaisseau, d'abandonner la Marine pour venir diriger les mines de Chalonnes. Celui-ci fait construire sa maison au pied du côteau dominant la mine ; elle deviendra, à partir de 1873, la cure de la chapelle Sainte-Barbe et abritera successivement cinq prêtres, jusqu’en 1915. Démolie en 1975, une partie a été reconstruite à l’identique. En 1851, est construit un château directorial, de nos jours en ruines suite à un incendie en 1997, situé auprès des trois premiers puits, entouré des bâtiments d’exploitation de la mine, de corons, d’une infirmerie, d’une épicerie et d’une école pour les enfants des mineurs.
De gauche à droite : Les trois puits, le château directorial, les corons, la passerelle sur le Louet et la chapelle Sainte-Barbe-des-Mines - Dessin de 1860
En 1853, le site est relié à la route de Chalonnes par une passerelle en bois supportant des rails permettant l'acheminement du charbon. Elle subsistera jusqu'après la guerre de 14/18 comme en témoignent les cartes postales de l'époque. (Voir Visite de la Prée Bulletin HCLM N° 60).
Portrait d'Emmanuel-Pons
avec la Légion d'honneur
Elisabeth Poudret de Sevret épouse d'Emmanuel-Pons
Buste d'Emmanuel-Pons exécuté par Jean Bonnassieux
d'après son masque mortuaire 1855Collection particulière
Consulter aussi sur ce sujet
« Gueules noires au pays du vin blanc » écrit en 2004 par Jean-Pierre Harang, Jacques Boisnard et François Martin.Cet ouvrage est en vente à la librairie de Chalonnes 02 41 91 35 18
Retour en Anjou
Les 5 et 6 octobre 1846, au retour d'une cure à Barèges, Emmanuel-Pons passe à Puylaurens et Revel. Il visite, pour la seule et unique fois, la maison natale de son père à Blan (Tarn).
Après la chute de Louis-Philippe en 1848, Emmanuel-Pons perd son siège de député du Finistère. Il va alors s'investir politiquement en Maine-et-Loire. D'abord nommé conseiller général du canton de Chalonnes en 1852, il devient, en décembre de la même année, sénateur, nommé par Napoléon III.
À l'automne de 1853, sa sœur Ofrésie, épouse Gustave de Chanaleilles ; il se retrouve donc seul. Au début de 1854, il rencontre, lors d'un dîner à Paris, Elisabeth Poudret de Sevret, fille de René, colonel et conseiller général de Maine-et-Loire, décédé en 1851 dans son château d'Epiré, commune de Savennières. (Lire l'article de Jacques Bizard dans le bulletin HCLM N° 55 de mai 2014) Leur mariage est célébré à Passy, le 28 juin. Le lendemain, Emmanuel-Pons tombe malade ; il est soigné, selon ses convictions, par un magnétiseur, pour une hernie étranglée. Quelques jours après, une opération est envisagée. Trop tard ! Il décède le 8 juillet, âgé de 54 ans. De nombreuses personnalités politiques assistent à ses obsèques, le 11 juillet. Il est inhumé dans le caveau familial, au cimetière de Passy, et un service funèbre est célébré, le 19 juillet, dans l'église Saint-Maurille de Chalonnes.
Il était, dans cette ville, très apprécié des mineurs et des habitants pour sa bienveillance. Un texte de 1855, publié par M. d'Auriac Combes, extrait de la « Nécrologie contemporaine » retrace sa vie exemplaire :«… Homme d'affaire habile, probe, rigide, grand travailleur, il joignait à une élocution nette et facile une instruction profonde. Ami du bien public et d'un désintéressement extrême, il était profondément religieux… ». (Hachette BnF 2016)
Une chapelle élevée
à sa mémoireSa veuve, la comtesse de Las Cases qui disposait d'une immense fortune héritée de sa famille, fait construire avec l'aide de son beau-frère Barthélémy, une chapelle dédiée à la mémoire de son époux. Dessinée par l'architecte Dainville et réalisée par Coutailloux, Elle fut inaugurée le 3 septembre 1860. Dans le chœur, on peut observer un caveau restauré en 2005. Ce ne fut pas la sépulture d'Emmanuel-Pons mais celle de Berthe Merlet et de son bébé. Celle- ci avait épousé, en 1856, à Chalonnes, le cousin d'Emmanuel- Pons et de Barthélémy, Félix de Las Cases, ingénieur et directeur en second des mines. C'est à la suite de ce double deuil, en 1858, qu'il entra dans les ordres. Devenu prêtre, il dira sa première messe dans la chapelle, le 14 juillet 1861.
Une exposition à Castres et deux livres L'année 2017 a mis à l'honneur Emmanuel-Pons de Las Cases et son père dont on célèbre le 250ème aniversaire de la naissance à Blan (Tarn) le 21 juin 1766. Une exposition de 6 mois a été présentée au Centre National et Musée Jean Jaurès de Castres, de juin à novembre. Le magazine l'Histoire l';a classée parmi les 40 plus belles expositions historiques de l'été. À cette occasion, le commissaire de l'exposition, Jean-Pierre Gaubert, ancien journaliste de la Dépêche du Midi a écrit un livre intitulé : « Las Cases, le Mémorialiste de Napoléon nous dit… », illustré par nos soins.
Il est disponible auprès de la Société d'Histoire de Revel Saint-Ferréol - courriel :patrimoine31@free.fr au tarif de 15€ + frais de port.
Autre événement d'une importance capitale : la copie du manuscrit original, prémices du « Mémorial de Sainte-Hélène », retrouvée à Londres en 2005, a été publiée, avec de nombreuses notes, aux Editions Perrin, en cette fin d'année, sous l'égide de la Fondation Napoléon dirigée par Thierry Lentz. Le Figaro du 28 avril dernier annonçait cette découverte, survenue fortuitement, après 200 ans de recherches infructueuses dans les archives et auprès des descendants des Las Cases.
Sources
1 - Archives privées
2 – Archives départementales du Maine-et-Loire
3 – « Journal écrit à bord de la frégate la belle Poule » - Emmanuel Pons de Las Cases - 1841
4 – « Mémorial de Sainte-Hélène » - Emmanuel de Las Cases – Ed. Flammarion – 1951
5 – « Chalonnes à travers les âges » - M. Chollet - 1952
6 – « Las Cases le mémorialiste de Napoléon » Comte E. de Las Cases – Ed. Fayard – 1959
7 – « Las Cases, l’abeille de Napoléon » - J.P. Gaubert – Ed. Loubatières – 2004
8 – « Gueules noires au pays du vin blanc » - Ed. Suton – 2004
9 – « Las Cases, le Mémorialiste de Napoléon nous dit… » - J.P. Gaubert – 2017
10 – « Le Mémorial de Sainte-Hélène » Le manuscrit retrouvé » - Fondation Napoléon – Ed. Perrin – 2017
11 – Site : lauragais-patrimoine.fr
12 – Vidéo you tube : « Dans l’ombre de son père, le fils Las Cases » – François Houdecek – 2023
13 - H.C.L.M . - Histoire des Coteaux de Loire et de Maine – Mail : 49hclm@gmail.com
you tube : Dans l'ombre de son père, le fils Las Cases - Fondation napoléon - François Houdecek - novembre 2023
"Las Cases, le mémorialiste de Napoléon nous dit ..."
Jean-Pierre Gaubert 2017